Multiples ruses ...
rideau
ruses pour passer la ligne de demarcation
Le tracé même de la ligne facilite parfois le passage, soit qu'elle partage un village en deux, soit qu'elle isole le presbytère de l'église, l'école du reste du village. Il suffit alors de se glisser de maison en maison, puis de traverser brusquement ou négligemment la rue. La frontière est franchie.
Ailleurs, le corbillard suivi par une foule émue et qu'aucun lien de parenté ou d'amitié n'attache cependant au défunt. Mais puisque le cimetière est en zone non occupée...
Ailleurs, c'est une femme du pays que l'on suit à travers les vignes. On se dissimule un instant pendant qu'elle va inspecter la grand-route. S'il n'y a pas de patrouille à l'horizon, elle s'essuie le visage avec un mouchoir. C'est le moment de bondir .
Ailleurs (et l'aventure est arrivée à Guillain de Bénouville), on passe dans la camionnette d'un épicier que les Allemands n'inquiètent pas, car il ne se montre pas avare de chocolat. Entassés derrière des caisses et des bouteilles, plusieurs dizaines d'officiers ont pu ainsi arriver à Bourges.
Ailleurs, c'est à Saint-Aignan-sur-Cher, on passe dans le camion du marchand de vins... caché dans un demi-muid.
Ailleurs, c'est le presbytère qui sert de lieu de rendez-vous. A Chissay, le presbytère de l'abbé Tardiveau à qui il arrive de guider un convoi de cent personnes en direction de la ligne de démarcation.
Ailleurs encore, c'est à Langon, il suffit de se promener dans les beaux vignobles d'une propriété située sur la route de Bazas pour atteindre enfin une petite porte qui ouvre sur la zone libre.
De véritables troupes affluent ainsi, presque quotidiennement, dans les villages proches de la ligne de démarcation. Tournant résolument le dos à la gare, traînant valises et enfants, ces curieux voyageurs, dont tout le pays devine la destination, se rendent dans un café parfois plein d'Allemands indifférents, et attendent avec fébrilité le passeur et la nuit .
Quelle joie lorsque le passeur prononce les mots libérateurs : Vous êtes en zone libre !
Parfois la casquette de la S.N.C.F. dissimule un voyageur clandestin et le train spécial Paris-Vichy qui, deux fois par semaine, fait la liaison pour les ministres et les fonctionnaires, sert aussi au transport d'hommes dépourvus d'ausweis. Dans le tender, entre l'eau et la soute à charbon, le mécanicien et le chauffeur ont installé une inconfortable, mais presque indécelable cachette. Lorsque le train arrive au poste frontière de Moulins, les cheminots, par surcroît de précaution, décrochant la machine et le tender, partent faire de l'eau et ne reviennent qu'à l'heure du départ, ce qui évite les inspections.
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La ligne de démarcation